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Energie Prix du pétrole, émissions de CO2 : appétit croissant pour le bois-énergie

Hausse des prix du pétrole, développement des énergies renouvelables, utilisation de la forêt comme capteur de carbone, tout concourt aujourd'hui à l'essor d'une filière bois-énergie, que les sylviculteurs du Sud-Ouest souhaitent respectueuse des autres activités.

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Le bois constitue "l'énergie renouvelable la plus facile à mettre en oeuvre et la plus écologique", puisqu'il ne rejette lors de sa combustion que le carbone qu'il a stocké au cours de sa croissance, explique Jean-Bernard Carreau, chargé de mission à la Direction régionale de l'agriculture et de la forêt (Draf) d'Aquitaine, principale région forestière de France, avec 1,8 millions d'ha boisés.

Source d'énergie domestique depuis des millénaires, le bois tend ainsi à susciter la convoitise des industriels comme des politiques, soucieux de s'affranchir d'une coûteuse dépendance au pétrole comme de respecter leurs engagements de réduction d'émissions de gaz à effet de serre. Or "la forêt occupe près de 30% du territoire métropolitain et le massif forestier français a augmenté de moitié depuis 1950", souligne le ministère de l'Ecologie. De quoi aiguiser les appétits...

"Le bois-énergie, c'est tout ce qui n'est pas bois-matière", utilisé lui pour la construction, l'emballage ou la papeterie, résume M. Carreau, qui entend développer la filière tout en limitant les "conflits d'usages" entre les différentes activités économiques : l'usage du bois à des fins énergétiques ne doit pas provoquer une captation de la ressource, comme cela a pu advenir avec les agrocarburants. "La valorisation énergétique de la biomasse peut amener à des conflits d'usage déstabilisant les filières de transformation du bois existantes", confirme le ministère de l'Ecologie, il s'agit donc de "mobiliser le bois actuellement inexploité", estimé à "21 millions de m3 à l'horizon 2020".

Principalement utilisé pour ses caractéristiques calorifiques --chauffage ou eau chaude--, le bois reste aujourd'hui trop confiné à une valorisation domestique : "Ca n'est pas sur l'usage par les particuliers que l'on va fonder une économie", estime M. Carreau, qui oeuvre pour développer des usages collectifs (bâtiments publics, hôpitaux, écoles...) ou industriels.

"L'utilisation du bois comme source d'énergie, ça n'est pas nouveau. Les industriels du bois utilisent déjà 45% de biomasse" pour faire tourner leurs usines, affirme de son côté Tanguy Nassart, président de la Fédération des industries du bois d'Aquitaine (Fiba). Et M. Nassart de mettre en garde : "Pour développer cette filière, il faut trouver la ressource", or "en Aquitaine, nous sommes déjà quasiment à l'équilibre entre production et exploitation". Dans ces conditions, l'apparition d'une nouvelle demande risquerait de déstabiliser le marché. Une inquiétude à laquelle entend répondre le ministère de l'Environnement, qui vient de dévoiler une liste de 22 projets de centrales de cogénération (production de chaleur et d'électricité) alimentée par de la biomasse (résidus organiques, majoritairement issus du bois), en instaurant une traçabilité de l'approvisionnement en matière première.

Si, selon le ministère, la biomasse "constitue de loin la première source d'énergie renouvelable", avec 3,5% de la production française totale, Jean-Bernard Carreau s'empresse de tempérer les ardeurs : l'or vert, qui "restera marginal" dans la composition du bouquet énergétique français, n'est pas prêt de remplacer l'or noir.

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